Les lechs. Des stèles gauloises souvent christianisées.

        J'ignorais en prenant un cliché anodin d'une petite chapelle, que j'aboutirai à ce post sur les lechs.  Ce sont des stèles d'origine gauloises, détournées de leurs fonctions lors de la christianisation. Le sujet m'a passionnée au point d'avoir envie de parcourir la campagne pour en retrouver les traces et pouvoir ainsi les photographier.

Pour une fois, j'ai emprunté quelques photos sur un site, parce que je voulais faire découvrir ces stèles. Aller voir ce site, dont j'ai, bien entendu mis le lien.

    En vacances en Bretagne, j'ai fait de longues marches dans la région de Port-Navalo, à l'entrée du golfe du Morbihan. Surplombant le port de plaisance du Crouesty, une modeste chapelle-  plusieurs fois reconstruite depuis l'époque médiévale - tient tête aux embruns.  De retour à la maison, j'ai voulu en savoir plus sur la pierre qui se trouvait à droite de la porte du petit édifice. Grâce au panneau explicatif posé par la commune, je savais que cette une pierre était appelée lech.

 

                               LECH. CHAPELLE DU CROISTY. ARZON. MORBIHAN.

 

 

Après être restée bredouille dans mes recherches, je suis tombée sur un inventaire de stèles gauloises recensées en Bretagne. Ce travail est remarquable et s'avère un véritable catalogue.

 

DES STELES DE L'EPOQUE DE LA TENE ( SECOND L'AGE DU FER).

 

    Les lechs sont des stèles gauloises du second âge du fer ( environ à partir du VIème siècle avant J.C.), associées à des pratiques funéraires.

Le granit - matériau local – est le plus couramment utilisé, Certaines de ces pierres auraient été taillées dans des menhirs.

L'inventaire que j'ai consulté, met en évidence une plus forte concentration de ces éléments pré-chrétiens dans le département du Morbihan.

 

LEURS FONCTIONS.

    Leur fonction a évolué dans le temps, puisqu'elles ont été réemployées au cours des siècles.

A l'origine, ces pierres marquent l'emplacement d'un cimetière gaulois, notamment les sépultures à crémation, courantes entre les VIème et Vème siècles avant J.C.. Un dolmen , un tumulus, ou un oppidum – c'est-à-dire un village fortifié - peuvent se trouver également à proximité, mettant ainsi en évidence la permanence des lieux consacrés aux défunts.

Elles peuvent avoir servi de support d'offrandes, car de nombreuses pierres comportent une ou plusieurs cupules à leur sommet. Ce sont de petits trous crées dans le lech, mais il est difficile de déterminer 'i ils sont d'origine ou non.

La stèle est seule ou forme des groupes, notamment de 3 pierres placées en triangle, mais seules des études peuvent affirmer si cette disposition est d'origine ou un aménagement ultérieur, lié à de nouvelles croyances.

Sous l'occupation romaine, certaines sont transformées en borne milliaire et déplacées le long des voies romaines, ce qui explique leur fréquence à proximité de ces routes.

Avec la diffusion de la religion chrétienne, elles subissent parfois de nouveaux déplacements vers les édifices chrétiens et sont christianisées avec l'ajout de croix. Dans certaines circonstances, elles sont enterrées afin de les faire disparaître de la mémoire collective.

 

DES FORMES ET DES HAUTEURS VARIABLES.

    Les lechs ont des formes et des hauteurs variables. Les pierres peuvent aller de 70 cm à 4,50 m selon leur forme. On distingue les formes hautes des formes basses.

Les formes hautes sont polygonales ou rectangulaires. Les formes basses sont hémisphériques ou ovoïdes.

 

                                       LECH. GOUESNAC'H. FINISTERE. FORME HAUTE

 

 

SOURCE : cliquer ICI

Cette stèle me rappelle les linga de la région d'Angkor au Cambodge. La forme de ces derniers sont lié à des rites de fertilité.

 

                                        LECH. PLOUIGUEL. FORME BASSE.

 

Source : cliquer ICI

 

Le lech comporte parfois des cannelures, notamment dans le sud du Finistère, des losanges, des rainures.

Lorsque l'on y trouve des inscriptions, il s'agit de rajouts d'époque médiévale.

 

                                        LECH. KERLOUAN. FINISTERE

 

SOURCE : cliquer ICI

DES STELES PAIENNES, CHRISTIANISEES.

    Pour éviter le maintien d'anciennes croyances , les autorités religieuses pratiquent la christianisation des éléments païens. Au temple gaulois – appelé fanum - se substitue une chapelle. Il en va de même pour une fontaine ou une source sacrée. Elles sont associées à une construction chrétienne. En effet, les gaulois croyaient dans les forces de la nature et vénéraient particulièrement les sources. Ce moyen permettait aux autorités de l'Eglise chrétienne de combattre les rites pré-chétiens plus efficacement , ce qui aboutit à un syncrétisme.

 

               LECH CHRISTIANISE. ALLAIRE

 

SOURCE : cliquer ICI

 

La christianisation des lechs prend la forme d'une croix, rajoutée au sommet de la stèle. Elle est le plus souvent en pierre, plus rarement en métal. Elles peuvent aussi être gravées directement dans le lech. Toutes les formes de croix sont représentées : croix latines, croix de Malte, traduisant peut être la présence d'Hospitaliers.

 

Je vous invite à parcourir le site que j'ai utilisé pour faire ce post.  Il comporte des informations sur la patrimoine français. vous y trouverez votre région.  C'est un site très riche.  Pour vous y rendre, cliquez ICI

Commentaires

1. Le samedi 19 juillet 2014, 14:46 par Jeanno

Bonjour je crois en avoir une dans mon jardin. Comment l'identifier?

2. Le dimanche 7 août 2016, 11:50 par Ewen

Bonne vue d'ensemble, cependant petite "précision" qui s'écarte du propos principal, le fanum n'est pas gaulois, mais gallo-romain. Il vient supplanter les anciens cultes d'où sa mutation en "profane" en français moderne.
Un visiteur du Finistère Sud, en ce moment parmi une quarantaine de stèles déplacées le siècle dernier...

PS: Pour le commentaire du dessus, un mail au service archéologique du département et le tour est joué ;)

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