Exposition: une image peut en cacher une autre.

                         Du 8 avril  au 6 juillet, le Grand Palais, à Paris, accueille une exposition intitulée" une image peut en cacher une autre ". De nombreuses oeuvres nous emmènent dans une série de cache-cache, où l'on doit retrouver derrière une première approche, des images cachées. Une exposition, qui permet au novice d'avoir une autre perception de certaines créations.

Deux regrets.... un trop grand nombre d'oeuvres présentées, mais parfois peu d"explications pour guider notre méconnaissance et l'impossibilité de prendre des photos.

A travers quelques artistes, l'occasion de découvrir les raisons, qui les ont poussés à produire des images cachées.

 

 

    Selon l'un des commissaires de l'exposition - Jean-Hubert Martin -  cette pratique n'est pas une particularité occidentale, mais se rencontre de l'Afrique à l'Asie (1).

Les images cachées répondent à diverses motivations. Il peut s'agir d'un jeu de la part de l'artiste, mais aussi un moyen de détourner la censure ou certains interdits. Les domaines peuvent toucher la sexualité ou la religion, mais aussi certaines périodes troublées comme l'époque révolutionnaire et l'empire. Il est alors possible de voir des images cachées représentant Louis XVI, puis Napoléon Bonaparte. Ainsi, un pommeau de canne ou le décor d'une petite boîte représentent le profil de l'ancien empereur. 

 

 

 

 

 

 

    Cette boîte en carton - réalisée par un anonyme - met en scène un profil de Napoléon 1er, exilé à Sainte Hélène.

la silhouette de l'empereur apparaît sur la gauche du paysage, entre deux  troncs d'arbres.

 

 

 

Il existe plusieurs méthodes pour intégrer des images cachées.

On peut rendre l'image réversible, ce qui permet une double lecture selon le sens dans lequel elle est disposée. C'est le cas d'une représentation d'un pape, qui, à l'envers devient un diable. Plus connus sont les portraits du peintre Arcimboldo, qui a vécu au XVIème siècle. De simples corbeilles de légumes se transforment alors en visage.

Dans le même esprit, le Grand palais présente des sculptures de Markus Raetz, qui se regardent sous tous les angles. On peut ainsi admirer Kopf 1 et Métamorphose II.

 

                                KOPF.   Markus Raetz. Collection particulière.

                                                                      ( fonte) 

 

 

La sculpture est composée de deux profils principaux  et de deux intermédiaires. L'artiste a façonné chaque élément à l'aide d'une série de couches de bois collées pour parvenir à ajuster chaque détail.  Cette première création a ensuite servi à  réaliser une édition en fonte.

 

 

 

 

   Selon l'angle, Métamorphose II  de Raezt laisse apparaître un lapin ou le profil de l'artiste allemand  Joseph Beuys.

Raetz a trouvé l'inspiration au moment de Pâques, période où lapins et autres figurines en chocolat envahissent les magasins.

 

 

 

                                  Markus RAEZT. CROSSING " YES-NO "

                                                ( fonte, 2002)

 

 

En tournant autour de cet ensemble de lettres, on peut lire successivement les mots YES et NO.

 

                                       CECI-CELA...  jeu de mots et jeux de miroirs

                                                    ( laiton et miroir, 1992-1993)

 

 

L'anamorphose est un autre procédé. Le changement d'angle permet à l'observateur de voir autre chose. Les oeuvres présentées au Grand palais montrent une pratique qui s'étend du XVIème siècle, avec une huile anonyme sur bois, à une lithographie de Dali.

Le paysage anthropomorphe est souvent associé à la peinture de la Renaissance. Il est marqué par la présence de nombreux rochers, mais aussi d'arbres et de nuages qui prennent des formes anthropomorphes. Ils sont très courants au début du XVème siècle (2).

L'exposition fait également une place à ce que la nature produit d'insolite, des pierres en passant par le bois. Dans le premier cas, on parle alors de pierres imagées. Les jardins de lettrés chinois conservent ces rochers, dont certains figurent des nuages comme à Suzhou. Certaines pierres, considérées comme exceptionnelles, sont également placées sur des tables et exposées à l'intérieur des demeures.

 

                             SUZHOU. CHINE.  JARDIN DU MODESTE ADMINISTRATEUR

                                             Bonzai de pierre exposé sur une table    

                                 

Photo argentique scannée. Août 2002.

 

                                SHANGHAI. CHINE. JARDIN DE YUGAN.

             Les rochers symbolisent les nuages d'où émerge le pavillon

                               

Photo argentique scannée. Août 2002.

 

(1) Entretien avec les commissaires, " L'art est trompeur ",  Une image  peut en cacher une autre, Editions beaux arts,  p. 5.

(2) Guégan (Stéphane),  Le paysage anthropomorphe, la nature faite homme, idem, p. 21.

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